Marie prend pays

Ne passez pas par quatre chemins, choisissez-en mille.

Ne passez pas par quatre chemins, choisissez-en mille.

Dans tous les endroits où je voyage, je m'accorde une immersion complète dans la culture, les coutumes, les attraits et les particularités d'une région afin de la vivre de l'intérieur. De destination en destination, Marie prend pays est l'endroit où je vous partage mes expériences personnelles dans toute leur authenticité.

En prenant chaque pays d'assaut à ma façon, je souhaite vivre mes aventures à 100 % pour vous faire découvrir ses aspects les plus originaux ou méconnus.

Connaître à fond une destination, s'intéresser à ses moindres détails, découvrir les éléments historiques ou culturels qui font d'elle un endroit unique au monde, c'est pour ça que je vous incite vous aussi à prendre pays avec moi!  

Souvenirs de pandémie

À l'aube de la relance de notre vie incluant les voyages, nous souhaitions vous partager quelques bons moments que nous avons vécus pendant le confinement. Le visage de notre industrie a été durement frappé par la pandémie. Nous avons perdu la totalité de nos collègues et pendant ce chaos, une équipe, plus modeste, s'est mise en place pour répondre non seulement aux nombreuses questions, mais aussi aux besoins essentiels de nos voyageurs.
J'ai pensé vous partager quelques histoires vécues, celles dont vous n'entendrez jamais parler, mais desquelles nous garderons pour toujours un souvenir indélébile. J'ai choisi de préserver l'identité des gens par respect pour eux, et surtout parce que ces moments ont été pour nous comme des trésors, comme un mélange de désespoir et d'humanité qui nous pousse à continuer à donner un sens à ce que nous faisons.


Voici leurs histoires.

Noël 2020 : seul depuis mars

 La solitude aura porté plusieurs visages en 2020, et pendant qu'elle était source de vie pour la majorité, plusieurs l'ont portée comme un poids immense. Lorsque des gens nous contactaient pour jaser voyage, plusieurs abandonnaient lorsque nous leur exposions les contraintes au retour. Même si le Canada faisait partie des pays les plus restrictifs en matière de voyage au monde, nous n'avons jamais écarté la possibilité qu'il puisse y avoir d'autres contraintes pour décourager les voyageurs. La suite des événements nous aura donné raison.

Claude (nom fictif) a communiqué avec nous en novembre. Il était déterminé, voire entêté, à partir. Les échanges étaient professionnels, et au fur et à mesure qu'ils évoluaient, nous avons découvert un homme brisé et isolé. Nous avons décidé de l'accompagner du mieux possible dans son projet en lui exposant les différentes possibilités. Tout au long de nos échanges, nous avons découvert qu'il était un travailleur essentiel, qu'abandonner équivalait à laisser des collègues dans une situation intenable. Le poids de la solitude lui pesait énormément et il devait utiliser cette fenêtre d'opportunité pour tenter de se refaire une santé.

Et puis, un jour, nous avons annoncé à Claude que le voyage était confirmé. Nous sommes restées avec lui au téléphone pendant de longues minutes à pleurer avec lui. Lui dire qu'il ne devait pas se sentir coupable, qu'il devait se sentir fier de lui et que nous serions toujours là pour lui.

Claude est parti un 20 décembre et personne n'a su qu'il était allé prendre l'air. Probablement que personne d'autre que nous ne le sait encore présentement. 

Laisser son enfant derrière pour une vie meilleure

 Peu de gens savent que plusieurs vols vers Montréal contenaient des travailleurs venus prêter main-forte au Canada pendant la pandémie. Des travailleurs agricoles, des travailleurs dans les manufactures, et dans le cas qui nous occupe, des travailleurs de la santé.

Il est fou de constater que pendant que certains fuient les emplois dans le domaine de la santé, nous recrutons des gens qui abandonnent tout derrière eux pour venir occuper ces emplois chez nous.

C'est dans ce contexte que nous avons plongé dans l'histoire d'un jeune couple de Malgaches qui était engagé dans un processus d'immigration depuis plus d'un an. Vous vous doutez bien que ce processus est complexe, périlleux et très coûteux à la base. Alors, imaginez en pleine pandémie!

À l'étape finale de la confirmation des billets, nous avons dû suspendre le processus sans savoir pourquoi. Nous avons appris qu'ils devaient prendre la décision de laisser derrière eux leur enfant de 18 mois pour une période indéterminée. Il a été impossible pour nous de ne pas pleurer et d'avoir le cœur en mille miettes. Nous étions certaines qu'ils abandonneraient le processus. Imaginez-vous devoir faire le choix déchirant de laisser son enfant derrière dans l'espoir d'une vie meilleure chez nous!

Au moment d'écrire ces lignes, le vol arrivera à Montréal le 23 mars prochain. Est-ce que notre couple sera à bord de l'appareil? C'est à suivre. Nous avons fait le souhait que l'enfant retrouve ses parents rapidement. Notre métier, c'est aussi ça, c'est beaucoup plus qu'une industrie du divertissement. 

Mourir auprès des siens


Il s'appelait René et avait 60 ans. Il vivait dans l'Ouest canadien et, disons-le comme ça, il avait pas mal « bamboché » toute sa vie. Sentant la fin venir, il a décidé de profiter de ses derniers jours auprès de sa famille dans la région.

René n'était pas riche et sa vie tenait dans une valise. Lorsqu'il nous a contactées pour avoir un billet de Calgary vers Québec, il nous a demandé de faire ça pas cher. Il est donc parti de Calgary en passant par Toronto, puis Montréal, avec comme destination finale, Québec.

Ici, nous voudrions rendre hommage au personnel des compagnies aériennes qui, tout au long de la pandémie, a dû composer avec une situation chaotique pour faire son travail de façon remarquable. Ces gens ont perdu leur emploi, pour ensuite revenir et appliquer les règles sanitaires évolutives. Tout cela à une époque où nous ne connaissions pas grand-chose du mal qui nous affligeait. Ce sont des humains sensibles et généreux et en voici la preuve.

On se rappelle que René est un homme malade. Lorsqu'il est arrivé à l'aéroport de Calgary, le personnel s'est demandé comment il réussirait à passer à travers son itinéraire complet le menant vers Québec. C'est dans ce contexte que son itinéraire a été redessiné aux frais d'Air Canada. En plus, du personnel lui serait assigné afin de s'assurer qu'il rentrerait chez lui de la façon la plus sécuritaire possible.

René est décédé le weekend dernier auprès des siens. Il aura eu le temps de voir son monde et de partager de bons moments avec eux.

René est finalement mort comme il le souhaitait, entouré de ses proches.

 J'ai choisi de vous parler de ça pour faire la paix avec la dernière année qui vient de passer. Je ne serais pas complètement honnête avec vous si je ne vous disais pas que nous tous, de l'industrie du voyage, avons été blessés parce que souvent pointés du doigt au cours de la dernière année comme étant les grands responsables de cet horrible malheur. Oui, c'est la vérité : certains nous ont tenus pour responsables de cette calamité. Nous nous sommes réduits au silence par nous-mêmes, de façon volontaire. L'être humain a vraisemblablement toujours besoin de coupables.

Au cours de la dernière année, nous avons tout perdu, et sans l'aide de précieux collaborateurs et amis, je ne serais pas ici pour vous en témoigner. Nous avons fait le choix d'être là quand tout cela sera derrière nous parce que nous croyons en ce que nous faisons et, honnêtement, nous savons maintenant que la plus grande liberté est d'exercer le métier de notre choix.

Je m'en voudrais en terminant de passer sous silence que cette pandémie m'aura convaincue encore plus des effets néfastes de l'isolement. Ma soif de voir le monde est encore plus présente qu'avant. Si vous croisez mes yeux, vous y lirez ma détermination à prendre toutes les minutes mises à ma disposition pour découvrir le monde. C'est une promesse que je me suis faite à l'aube de mes 50 ans.

Je te souhaite le meilleur!

Marie xx